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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 18:03

Le documentaire Vivre avec Camus, diffusé le 9 octobre sur Arte, donne la parole à celles et ceux qui ont vu leur existence bouleversée par la lecture de L’Étranger ou de La Peste. A l'heure où l'on fête le centenaire de sa naissance, on ne pouvait pas espérer plus bel hommage.

L'écrivain français du XXème siècle le plus lu dans le monde, c'est lui : Albert Camus. Pour certains de ses lecteurs, d'ici ou d'Algérie, d'Amérique ou du Cameroun, d'Allemagne ou du Japon, l'homme de l'absurde et de la révolte n'est pas seulement un écrivain. C'est bien plus qu'un auteur ou qu'un philosophe : certains en font un copain, d'autres un père ou un saint, et des femmes n'hésitent pas à le prendre pour leur compagnon. Grâce à Albert Camus, leurs vies semblent un peu moins lourdes à porter. Comment ses mots ont-ils pris vie ? Là est tout le sujet du documentaire.

« Camus, c'est un guide de quand-ça-ne-va pas »

Le cycle de l'Absurde, représenté par L’Étranger et Le Mythe de Sisyphe, notamment, a enseigné à de simples gens les principes les plus simples. L'un se dit désormais capable de s'habituer à tout, comme le fait Meursault au fond de sa cellule de prison. Un autre, apprenti cuisinier d'Alger, juste parce qu'il a lu Camus (à temps), a oublié son macabre dessein suicidaire. « Il m'a sauvé la vie », témoigne t-il en évoquant une déception amoureuse.

Tous pour ces lecteurs, Albert Camus est une sorte de maître de conscience, d'ami invisible à qui on demanderait quand il faut : « Que feriez-vous à ma place ? » Ils n'hésitent pas à le convoquer à tout moment, tels des brebis égarées recherchant leur berger. « Quand on le lit, on a envie de déprimer, mais ça soigne de la dépression », reconnaît l'un de ses fans. Chacun suit le précepte de Caligula : celui de chercher le bonheur dans le malheur.

L'auteur inspire aussi les artistes, comme Patti Smith (oui oui !) qui avoue trouver sa force en lui : « C'est lui qui a fait de moi une auteure ». Et son admiration n'a pas changé depuis sa lecture de La Mort heureuse, son premier contact avec l'écrivain.

L'homme révolté ou comment profiter de la vie

Retour en France. Elle a lu Camus, et l'enseigne désormais dans un lycée de Versailles. L'appel à la révolte est en fait pour cette quinquagénaire une révolte face au temps. C'est ainsi qu'en plus de l'enseignement, elle a choisi d'être gendarme réserviste, pour « vivre [sa] vie à 200% ».

Un allemand à la retraite doit son engagement humanitaire à Camus. A bord d'un cargo, il n'avait pas hésité à repêcher des vietnamiens cherchant à fuir leur régime. Pour lui, « La Peste est la bible pour le travail de l'humanitaire ». Il en tire sa devise, qui pourrait être celle de tout militant d'ONG : « Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul ».

Et quand le père de Caligula lance « Je me révolte, donc nous sommes », ne doit-on pas trouver un appel d'outre-tombe qui s'adresserait aux générations suivantes... c'est-à-dire à nous ?


Joël CALMETTES, Vivre avec Camus. ARTE, 2012, 54 min.

 

Auteur: leflambo

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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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