426.Posté par pas glop le 17/07/2010 12:58
C'est l'histoire d'un petit chalutier qui naviguait en père peinard et qui un jour a pris dans son filet un gros vilain sous-marin qui l'entraîna pas le fond.
E.W ressemble à un poulpe des profondeurs, comptable consciencieux, remonté par mégarde et qui ne sait quoi dire, quoi faire (à part s'entourer d'un nuage d'encre) et qui tourne en rond, hébété,
hors de son élément (la nuit des profondeurs, le monde du silence).
Ses "copains" ont peur qu'il ne craque et les voici, les voilà, cherchant à soutenir son moral et tentant sans conviction d'ouvrir quelques brèches. Les journalistes veulent alors le retenir et
ils lui lancent des seaux de crème Chantilly ; ne feraient-ils pas mieux de se concentrer sur les mailles du filet : l'écoute réalisée en grande profondeur. On y entend parler, là où la vérité de
ce monde est si bien cachée que seul un innocent filet a pu, par un hasard prodigieux, la remonter.
Et lorsque les arguments de la droite, unie pour délivrer le malheureux poulpe, se résument à hurler au complot, nous "comprenons" que le filet n'est pas cousu de fil blanc, mais qu'il est fait
de pur acier, de pur et simple hasard, seul à pouvoir débusquer la vérité de ces gens-la (pour qui la planque, la protection est l'alpha et l'oméga : seule la mort peut les retrouver dans les
profondeurs abyssales où ils s'enfoncent, ou bien un hasard, certains y verront la main de dieu qui se venge).
En parlant de dieu, qui voit tout, on en vient à se demander comment le poulpe et ses pareils s'en arrangent. Descendre dans les grandes profondeurs où l'on est protégé de "tout", est-ce pour
fuir l'œil de la mauvaise conscience ? Est-ce pour obtenir l'ombre maléfique, absolue, de la pure impunité que les riches et leurs larbins ayant fouler les plus élémentaires réflexes d'humanité,
se retrouvent par delà le bien et mal, vers un lieu qui fuit, sans limite, sans tabou, les faisant courir devant leur responsabilité jusqu'à ce qu'un plus grand, plus riche les protège et les
"utilise" ; les voilà devenus fidèles et loyaux serviteurs, simple obéissance, au seul service de la puissance qui doit s'accroitre (lumière noire de l'oubli). Quand la "puissance" sert de seul
repère, alors, tout devient "moyen". Plus rien ne s'interpose entre cette puissance (horizon qui recule) et le reste qui tombe (au rang de pur et simple moyen). Le "bas" populacier de Raffarin,
c'est l'homme déchu qu'un "haut" personnage, utilise, fait rentrer dans le rang, range à son service, dont il arrange les affaires, les impunités (et puis crac, la comptable, le majordome ont des
haut-le cœur : trop sensibles).
Ça me rappelle le choix que fit Chirac de nommer Raffarin pour diriger l'Etat. Chirac, c'est l'ancien temps, celui où la conscience maintient, à contrecœur, une mauvaise conscience (l'œil de
dieu, ou celui de De gaulle), celui où la conscience est rongé par le doute et la réflexion sur les "fins". En prenant Raffarin il se décharge de cette croix (en nommant Jospin aussi). Raffarin,
c'est le bœuf moderne : il fonce dans le mur (certes pas un taureau, qui, lui, connait la vie, regarde autour de lui, voit ce qui ne convient pas et "décide" de foncer dessus). Raffarin, c'est
l'homme moderne qui croit que tout est affaire de "communication" : je communique, tu communiques, il ..etc. Le mensonge est élevé par lui au rang de moyen comme un autre (on perd de vue les
conséquences désastreuses du mensonge) et on parle de "réforme", de "dialogue" pour dire tout autre chose. Raffarin, c'est le bœuf trompeur, ce qu'il y a de pire (autant parler à un mur, pur
autisme, pur mépris de la "rue", de la "populace"). Il trompe délibérément, sans vergogne, et nous en restons comme interdit (de parole).
Sarkozy est, comme la plupart des hommes politiques, un homme de bonne volonté. Mais il est fils de Raffarin et il s'imagine que mentir n'est pas un problème mais une solution (idem Bush, Aznar,
Berlusconi….) : utilitarisme et pragmatisme sont élevés au rang de philosophie d'Etat (Raffarin se pique de philosophie). Pour accroitre l'efficacité de l'action publique on utilise la confiance
des gens "comme un moyen" : par exemple, le sens des mots est quelque chose à quoi je me fie aveuglément et dont ces pseudo-philosophes, ces nouveaux sophistes, se servent pour m'enfumer et
passer en contrebande autre chose, pour ne pas dire le contraire (ce qui est le comble de l'ironie : et là, on imagine que ça les fait marrer et là, c'est trop, le sadisme de ces petits cons,
s'il est avéré, les conduira au bout d'une pique et sous la Lanterne d'une justice vite expédiée, et là, ils riront moins et ça n'ira plus aussi bien). Pensons aux mots : réforme, dialogue,
justice, privilège, fascisme .. Rien que de les entendre, j'en ai le rouge qui me vient aux joues, colère et honte mêlées.
Le poulpe qui sait tout et son maître le requin blanc, pris tous deux dans ce filet de hasard, les montre aux mains des riches. Ceux-ci "ont" l'argent, mais comme cela ne leur suffit pas, ils
cherchent toujours à "acheter" la loi pour se la payer (ça les amuse dans leur immense ennui de gens gavés) et pour se protéger (les meilleures écoles, les meilleurs docteurs, les meilleurs
avocats, les meilleurs hommes politiques : N.S il nous le faut, on va le hisser tout en haut, d'accord faisons ça, mettons le paquet et cirons le Parquet). Oui, madame, dans les profondeurs
cachées : cela se passe ainsi, sans chichi.
La justice, en homme-grenouille, est en train d'y remuer son bâton.
Mais ne vaudrait-il pas mieux, s'il lui reste, dans sa bérézina, à notre Napoléon, un peu de sens des responsabilités, qu'il vienne sur la chaîne du savoir, tout nous expliquer par le menu : et
là la France, tel un bouchon, remonterait à la surface, laissant volontiers, les monstres marins (les riches) retrouveraient l'opacité qui les habille.