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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 12:14
Il me plait de publier cette contribution aux débats en vue des régionales....




Basse-Terre, le 17 février 2010

Madame la ministre,

La campagne en vue des élections régionales en Guadeloupe va nous opposer tout au
long des prochaines semaines. Les Guadeloupéens sont en droit d’attendre un débat de
haute tenue entre les hommes et les femmes qui prétendent exercer des responsabilités
et travailler pour l’avenir de notre région. Or, je suis au regret de constater que vous
avez choisi de faire campagne au mépris de la vérité la plus élémentaire en utilisant
des arguments particulièrement détestables, tout en parvenant à jeter le trouble dans le
reste des outre-mer sur votre capacité à demeurer un ministre impartial embrassant la
totalité du périmètre de ses responsabilités.

Affirmer, comme vous le faites, que je n’aime pas la Guadeloupe, que je suis
l’empoisonneur responsable de la pollution des terres guadeloupéennes à la
chlordécone ou encore que le conseil régional de la Guadeloupe n’a soumis aucun
projet au gouvernement en 6 ans, sont tout simplement des mensonges, voire des
diffamations, qui ne sont pas dignes de la ministre que vous êtes, tout comme ne sont
pas dignes les propos qui vous valent aujourd’hui un lynchage médiatique et politique
auquel pourtant, pour ma part, je n’entends pas m’associer.
Pour autant, j’ai pris connaissance avec intérêt des déclarations que vous avez faites,
dites-vous, en tant que candidate aux élections régionales lors d’un meeting aux
Abymes et des précisions que vous avez apportées, en tant que membre du
Gouvernement, par communiqué de votre ministère.
Cette confusion des genres me laisse le choix de répondre à la candidate ou à la
ministre. C’est donc à la ministre que j’adresse les commentaires et les suggestions
que vous récentes déclarations appellent de ma part.
Tout d’abord, vous me permettrez de me réjouir de l’annonce que vous avez faite, en
tant que candidate, de l’existence d’une enveloppe de crédits d’Etat de 500 M€ pour
financer des projets outre-mer. Je vous serais toutefois reconnaissant de bien vouloir
m’indiquer, en tant que ministre, les lignes budgétaires et les sommes disponibles sur
cette enveloppe pour financer les projets des régions, en dehors des enveloppes déjà
connues du FEI et des crédits du plan séisme.

Ensuite, le président du conseil régional de Guadeloupe que je suis ne pourrait dans
l’absolu que se réjouir de la priorité que vous auriez accordée, en tant que candidate, à
la Guadeloupe pour l’attribution de ces crédits. Vous avez cependant pu mesurer
combien cette position clientéliste, pour ne pas dire communautariste, est diversement
appréciée dans les autres collectivités d’outre-mer qui sont en droit d’attendre plus
d’impartialité de la part de la ministre des outre-mer.
Au-delà de ce préambule, je me dois de réagir aux affirmations inexactes formulées
par la candidate et la ministre et se rapportant au manque de projets structurants
présentés par l’actuel conseil régional de la Guadeloupe.
Avec mon équipe, j’ai tenu, depuis bientôt six ans, à entretenir des relations
constructives avec l’Etat. Je souhaite que cela continue dans le respect des principes
républicains. Pour cela, il convient d’éviter que la ministre de l’outre-mer, dans des
communiqués officiels, à caractère gouvernemental, procède, en contradiction
flagrante avec la vérité, à des critiques de la politique régionale actuelle.
Vous regrettez en effet, en tant que ministre, que « l’actuel conseil régional de
Guadeloupe n’ait pas initié plus de projets structurants pour les Guadeloupéens
financés par les crédits nationaux et européens ».

Un minimum de concertation interministérielle vous aurait appris que la région
Guadeloupe travaille fort bien avec vos collègues du Gouvernement qui ont encore,
eux, des crédits d’intervention à gérer. Le dossier de qualité que nous avons par
exemple soumis à votre collègue Jean-Louis BORLOO lui a permis d’accorder à la
région 20 M€ pour son projet de restructuration et de mises aux normes parasismiques
de la cité scolaire de Baimbridge. Le dossier préparé pour Patrick DEVEDJAN l’a
convaincu d’accorder à la région Guadeloupe des subventions de 11,251 M€ pour la
réhabilitation du Camp Jacob et sa transformation en locaux universitaires, de 1,750
M€ pour la Cité de la connaissance et de 800.000 € pour le programme de bâtiments
modulaires industrialisés prévus dans les communes dans le cadre de la mise en œuvre
du plan séisme.

Un peu de travail avec les services déconcentrés de l’Etat qui ne demandent qu’à vous
rendre compte, vous aurait permis également de vous apercevoir que, chaque année,
c’est grâce à la région Guadeloupe et à ses projets, que notre territoire évite le
dégagement d’office de crédits européens. Encore cette année, la préfecture s’est
logiquement appuyée sur la région, collectivité structurée et réactive, pour présenter
des projets éligibles aux fonds européens se substituant aux projets non encore aboutis
d’autres opérateurs. Je citerai par exemple : l’Université des métiers et d’artisanat qui
représente 8 M€ de Feder. Je vous suggère donc de vous documenter davantage avant
de laisser entendre que les Guadeloupéens dans leur ensemble, car il s’agit d’un travail
d’équipe, région, département, services déconcentrés de l’Etat, travaillent mal et ne
consomment pas les crédits mis à leur disposition.

Une étude rapide des dossiers que votre prédécesseur a dû vous laisser vous aurait, en
tant que Guadeloupéenne, rendue légitimement fière du dynamisme de la région
Guadeloupe qui est à l’origine de la création du Fonds Exceptionnel d’Investissement
(FEI) dont nous avons demandé, en concertation avec les autres collectivités et les
socioprofessionnels de Guadeloupe, l’inscription dans la LODEOM. D’ailleurs, bien
que déçu par le faible volume des crédits finalement réservés à ce fonds par le
Gouvernement, le conseil régional vient d’adresser à vos services, vous ne pouvez
l’ignorer, une série d’opérations pour lesquelles il sollicite le concours du FEI. Parmi
ces opérations : le système de stockage de froid du lucée hôtelier pour 235.000€,
l’Ecole régionale de la deuxième chance du Moule pour 5 M€, celle de Basse-Terre
pour 1,930 M€, le diagnostic énergétique des lycées pour 250.000€, l’étude de
vulnérabilité des bâtiments régionaux pour 250.000€, l’internat et la restauration du
lycée de Marie-Galante pour 1,940 M€ et l’extension de l’internat de Rivière des Pères
pour 2,132 M€.

Cependant, si les marges de manœuvre budgétaires de l’Etat en faveur des outre-mer
étaient soudain redevenues plus amples, je pourrais vous rappeler par exemple la
demande formulée par la région d’un concours de l’Etat à la réalisation du Mémorial
ACTe, le projet de centre d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage,
initié par la région Guadeloupe, demande restée, à ce jour, sans réponse concrète.
Alors, je dois tout de même concéder à vos déclarations que la région Guadeloupe n’a
pas toujours été exemplaire dans sa gestion des crédits d’Etat ou des crédits européens.
Ainsi, depuis 2004, l’équipe actuelle a-t’elle été contrainte, par exemple, de
rembourser à l’Europe 6 M€ au titre de la gestion laxiste du dossier de l’AFPA par la
précédente mandature, ce qui est unanimement reconnu comme un des exemples les
plus navrants au niveau national de mauvaise gestion des fonds européens. De la
même manière, la région Guadeloupe a dû rembourser 620.000€ et devra détruire pour
les recommencer les travaux réalisés au mépris de toutes les règles relatives à
l’environnement, sur la Rivière-aux-Herbes à Basse-Terre. Votre proximité avec
l’ancien exécutif régional altère peut-être votre perception de la gestion actuelle de la
région Guadeloupe. Je me permets donc de vous inciter à renouveler vos sources
d’information car la région Guadeloupe n’est plus gérée comme autrefois et elle
travaille aujourd’hui dans le respect des règles et en concertation sereine avec les
services de l’Etat.

Aussi, il me semble que votre bonne volonté déclarée à l’égard de votre région
d’origine, trouverait une manifestation plus efficace que ces critiques mal étayées à
l’égard de l’équipe actuelle du conseil régional, si vous la consacriez à la mise en
œuvre des annonces faites par Président de la République lors du CIOM, comme par
exemple la défense interministérielle des textes relatifs au FIP-DOM réclamé par la
région ou à la mise en place du RSA.

Je me permets enfin de vous recommander d’éviter, en tant que candidate, de laisser
entendre aux Guadeloupéens que l’octroi des crédits dépendra du vote qu’ils feront les
14 mars. Vous savez bien que c’est inexact et qu’il reste heureusement des
administrations de l’Etat impartiales qui décident de l’octroi des crédits au seul vu de
la qualité des dossiers présentés. Avec l’équipe actuellement en place à la région, les
Guadeloupéens n’ont donc pas à s’inquiéter quant à cette qualité.
Voilà madame la ministre les quelques commentaires que m’inspirent vos récentes
déclarations et les quelques pistes de travail que je vous recommande pour mieux
appréhender la réalité des dossiers guadeloupéens. Je suis certain que vous en tiendrez
compte ce qui nous permettra, dans les mois qui viennent, de travailler sur des bases
plus solides et mieux partagées.
Je vous prie, madame la ministre, de croire à l’expression de ma vive considération.
Le député, président du conseil régional,
Victorin LUREL


Madame Marie-Luce PENCHARD
Ministre délégué auprès du
Hôtel de Montmorin
27, rue Oudinot
75007 Pais
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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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