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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 18:02

Figurez-vous que j’apprécie à la fois François Bayrou et Arnaud Montebourg. Et je ne suis pas la seule au MoDem. Cela peut paraître schizophrène, car l’un est censé représenter le centre et l’autre la gauche du PS. Pourquoi ?

Il y a sans doute un côté mousquetaire, Robin des Bois, tribun, bon orateur, conquérant et courageux dans ces deux hommes. Mais aussi des convergences sur le contenu de leurs propositions (je précise que j’ai lu leurs livres et écouté leurs discours) :

1- sur les institutions, la 6ème République, une garantie de séparation des pouvoirs, plus de pouvoir au Parlement avec une meilleure représentativité des citoyens (dose de proportionnelle), une plus grande implication citoyenne dans la politique, une limitation du cumul des mandats,… Arnaud Montebourg a fondé en 2001 la Convention pour la 6ème république et François Bayrou s’y est engagé aussi dans son projet présidentiel 2007 pour une 6ème république ;

2- Sur la lutte contre la corruption, contre les paradis fiscaux et contre les affaires qui pourrissent la République : Montebourg a comme Bayrou dénoncé les abus de pouvoir, les atteintes à la démocratie, les conflits d’intérêts et les abus de bien public, notamment sur l’affaire Guérini où il a eu le courage de dénoncer les affaires en s’opposant à son propre clan, à la résistance de Martine Aubry prise dans la solidarité d’appareil ;

3- sur la priorité à donner à l’éducation (même si sur les propositions je préfère celles de François Bayrou, qui dépassent les questions de moyens qu’il faut sanctuariser, en proposant des méthodes qui marchent, en impliquant plus les enseignants, en proposant une école des parents etc.) ;

4- sur la finance : la volonté de remettre la finance au service de l’économie en limitant la financiarisation excessive de l’économie trop soumise aux marchés financiers, séparation des banques de dépôt et des banques d’affaire et/ou limitation de la spéculation pour orienter l’utilisation des fonds propres vers les crédits à l’économie, la clientèle (c’est François Bayrou qui a proposé le premier en 2008 de mettre en place une telle mesure, comme celle du Glass Steagall Act américain). Mais François Bayrou n’emploie pas un ton accusateur à l’égard des banques et des banquiers, contrairement à Arnaud Montebourg ;

5- Enfin sur le protectionnisme européen, ils prônent tous deux un échange loyal, c'est-à-dire l’exigence d’un respect de normes environnementales, sanitaires et même sociales imposant une application à tous les produits vendus en Europe plutôt que limitée aux produits fabriqués sur le sol européen. La taxe carbone européenne par exemple. J’en ai fait part dans ce précédent article intitulé « La démondialisation d’Arnaud  Montebourg, qu’en pense François Bayrou ? » et dans celui-ci intitulé « Démondialisation, protectionnisme et sortie de l’euro  ». Même s’ils n’emploient pas les mêmes mots, François Bayrou refusant le terme de « protectionnisme », lui préférant « l’échange loyal », refusant aussi le concept trompeur de « démondialisation », et n’adoptant pas un ton accusateur notamment à l’encontre de la Chine. François Bayrou relativise aussi les choses en revenant aux vraies causes de nos pertes d’emplois industriels. D’après ce rapport de Bercy sur « La désindustrialisation en France », seuls 13% des pertes de nos emplois industriel sur les trente dernières années sont dues aux délocalisations, alors que 28% proviennent de l’amélioration de la productivité et de plus le commerce extérieur de la France est pour 60% avec nos partenaires de l’UE. Il faut donc avant tout redéployer notre tissu industriel, protéger des secteurs de l’économie en produisant plus pour créer des emplois. L’enjeu est surtout là et non dans le protectionnisme. De plus, un protectionnisme européen appliquant une taxe à l’importation aux frontières de l’Europe, même si elle compense une insuffisance environnementale, sociale ou une sous-évaluation monétaire (comme le Sénat américain vient d’approuver un projet de loi visant à pénaliser la sous-évaluation du Yuan), reste dépendant de décisions de niveau européen avec nos partenaires, risque d’être incompatible avec les règles de l’OMC (qu’il serait préférable de revoir), et ne manquera pas en retour se subir des mesures de rétorsion sur nos exportations (sachant que 1 emploi sur 4 en France dépend des importations.

En revanche, le point qui éloigne plus François Bayrou d’Arnaud Montebourg est la question des finances publiques, de la limitation de la dette et des déficits. François Bayrou  a été le premier à avertir des grands dangers que courait le pays en laissant filer ses déficits, cumulant une dette publique insoutenable, qui accroît notre dépendance à l’égard de la finance et des marchés, qui ronge notre croissance (une charge financière à 50 milliards, absorbant tout l’impôt sur le revenu, 2,5% du PIB), qui pèse sur le futur de nos enfants, ne nous donnant aucune marge de manœuvre en cas de crise. Arnaud Montebourg lui prétend que ce n’est pas prioritaire, qu’endiguer le déficit est une mesure libérale et justifie des plans d’austérité nuisibles à la croissance et à nos services publics. Pourtant, si nous n’arrêtons pas là, nous allons droit vers une faillite comme la Grèce, ce sera pire encore pour les Français …

En fait, le discours d’Arnaud Montebourg est beaucoup plus offensif et révolutionnaire (et même réservé à l’égard d’un rapprochement avec François Bayrou) que le contenu de ses propositions qui s’inscrivent plus dans une évolution réformiste que dans une révolution ou un changement de paradigme : plus de régulation, plus de justice sociale et fiscale et aussi plus d’Europe (même s’il se vante d’avoir voté non au référendum constitutionnel). En ce sens Arnaud Montebourg est un homme ambivalent, … et talentueux 

 

 par Marianne

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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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