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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 17:30

Il me plait de publier cet article de jean Quatremer extrait de son blog"les coulisses de Bruxelle"pour étayer ma pensée

 

 

 

 

jeudi 13 mai 2010

Barack Obama, the president of the European Council (Potec)

Herman Van Rompuy n’est plus le président du Conseil européen des chefs d’État et de Barack-obama-460_1201799c gouvernement. Il a été victime, la semaine dernière, d’un coup d’État mené avec succès par le président américain qui a décidé de prendre les affaires des Européens en mains, lassé de voir ces sales gosses incapables de se mettre d’accord pour sauver leur monnaie unique au risque de déclencher un tsunami susceptible de ravager la planète.

 

Si, durant cette crise, l’ancien Premier ministre belge a servi à quelque chose, il faudra me l’expliquer. En revanche, Barack Obama, ci-devant « President of the United States » (Potus) s’est dépensé sans compter et il l’a fait savoir. Vendredi, juste avant le sommet des chefs d’État et de gouvernement, il a longuement appelé Angela Merkel, la chancelière allemande, qui se fait tirer l’oreille depuis trois mois pour venir au secours de la Grèce. Samedi, il s’entretient avec Nicolas Sarkozy, puis à nouveau dimanche après-midi, avec Merkel, juste avant le début de la réunion décisive des ministres des Finances. Il appelle dans la foulée le président français. Il met tout son poids dans la balance pour que les Européens ne mégotent pas sur leur plan de secours. Il sera entendu. Puis, apprenant, lundi, que l’Espagne a refusé, avant d’accepter du bout des lèvres, tout plan de rigueur, Obama décroche à nouveau son téléphone pour convaincre José Luis Zapatero de purger de ses comptes publics, faute de quoi la crise pourrait atteindre son pays. Manifestement, il a su être plus convaincant que les Européens. Dès le lendemain, le chef du gouvernement espagnol annonce un plan de rigueur destiné à ramener le déficit de 11,2 % du PIB à 6 % fin 2011.

Barack-Obama-et-Jose-Luis-Rodrigues-Zapatero-a-Prague_articlephoto C’est tout ce que l’on sait des coups de fil de Barack Obama. Il n’est pas exclu qu’il ait aussi appelé le premier ministre portugais, José Socrates, celui ayant annoncé aujourd’hui un durcissement de sa cure d’austérité afin de ramener son propre déficit de 7,3 % en 2010 à 4,6 % en 2011. Bref, tous les maillons faibles de la zone euro sont maintenant cadenassés. Tout à l'heure, à bord d'Air Force One, Bill Burton, le porte-parole de la Maison Blanche, a encore expliqué que "this is obviously something the president has been concerned about, having called leaders in Europe to discuss aggressive measures they ought to be taking and are taking to ensure their economy and the euro is strong". Une traduction est-elle nécessaire?

Ce n’est pas la première fois qu’Obama s’immisce dans les affaires intérieures de l’Union. En février dernier, par exemple, il avait annulé sa participation au sommet États-Unis/UE prévu initialement à la fin de ce mois, agacé par la multiplicité des « présidents européens » et par le caractère secondaire des sujets traités. En avril 2009, il avait aussi plaidé pour l’adhésion de la Turquie à l’Union… Autant d’intervention qui montre un intérêt certain du président américain pour le Vieux continent.

L’intervention d’Obama dans la crise grecque se comprend parfaitement : une extension de la Obama_germany défiance à l'égard des dettes souveraines aurait menacé les États-Unis tout comme un éclatement de la zone euro (totalement virtuel à mon sens). Il n’est pas non plus de l’intérêt américain que le dollar continue à s’apprécier face à l’euro…

Reste que l’intervention salvatrice d’Obama dans les affaires européennes montre à quel point l’Union est en panne, faute de dirigeants d’envergure capable de percevoir l’intérêt commun et non pas seulement leur intérêt national. Certes, Nicolas Sarkozy, c’est tout à son honneur, s’est démené comme un beau diable pour convaincre la chancelière de jouer européen. Mais son manque de crédibilité lui a grandement nui. Comment être audible, comment prêcher l’austérité chez les autres, quand on est incapable de faire la même chose chez soi ? Entre Merkel et Sarkozy, on est dans la méfiance mutuelle surmontée et non dans l’entente cordiale. Ce qui est vrai du faux couple franco-allemand l’est tout autant des autres dirigeants, comme le montre l’incroyable autisme de Zapatero incapable de réagir alors que le virus grec le menaçait directement… Le fait qu’il ait fallu que la zone euro soit au bord du gouffre pour que nos dirigeants réagissent en dit long sur l’incompétence cumulée des dirigeants européens.

Leur faiblesse, leur absence de vision à long terme, leur lâcheté politique se retrouvent évidemment multipliées par 27 à Bruxelles. La médiocrité ne peut produire que de la médiocrité. Il suffit de voir quelles personnalités ils ont choisies pour incarner l’Union. Entre un Herman Van Rompuy dont je n’ai toujours pas compris le rôle et un José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission européenne, qui attend la fin de la crise pour sortir du bois, on ne peut pas dire que l’Union soit dirigée par ce qui se fait de mieux (et je ne parle même pas de Lady Ashton). Le seul dirigeant ayant quelque envergure, Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, se heurte à la haine tenace de Nicolas Sarkozy, ce qui le paralyse…

Le bac à sable qu’est redevenue l’Europe montre que la stabilité n’est nullement assurée pour l’éternité et que le grand frère américain est toujours aussi nécessaire pour qu’elle reste dans le droit chemin. Les États nations européens sont manifestement toujours prêts à en venir aux mains comme l’a cruellement montré la crise grecque. Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est un rien déprimant.
 
Source: blog les coulisses de Bruxelles
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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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