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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 18:36
Instruisez-vous !... Ou bien finissez esclaves !

Le « Indignez-vous » n’ayant pas marché, essayons autre chose de plus efficace et intelligent. Un nouveau mot d’ordre, Instruisez-vous ! Et un livre à écrire mais qui pour l’éditer et le diffuser ? Je peux fournir un manuscrit courant août. A bon entendeur !

Indignez-vous ! clamait le vieux sage au sourire facétieux qui écoula des millions d’exemplaires de son opuscule parsemé de bonnes intentions. Stéphane Hessel ne compris point, dans son élan de générosité, qu’il s’adressait bien plus aux masses qu’aux citoyens. D’ailleurs, il s’en suivit un mouvement de masse mais pas un avènement de lumières pour le 21ème siècle. Dans la foulée, le moins vieux mais teigneux Jean-Luc Mélenchon s’empara de l’indignation en vociférant contre les capitalistes, les eurocrates, les médiarques, cherchant à faire sortir les chiens citoyens des niches et chenils où ils habitent. Mais parler cru et dru est-il le ressort des solutions politiques ? Lisez l’étude de Robert Michels et vous verrez apparaître Mélenchon comme un avatar assez comique des tribuns du socialisme il y a plus d’un siècle, les Liebknecht, Guesde, Bebel, Jaurès et autres Lassalle. L’objectif étant de susciter l’adhésion des masses pour parvenir au statut de chef de parti. Et le cas échéant, de rivaliser avec d’autres chefs. Bref, rien de neuf. La revanche de Mélenchon sur ses anciens camarades du PS est un secret de polichinelle. Le bougre a été démasqué. Mais ce n’est pas très important et cela n’ôte pas à Mélenchon une présomption d’honnêtes intentions que l’on peut interpréter comme une candeur idéologique voire même une idiotie. Une piste à explorer : « démassifier » le peuple pour le transformer en une communauté de citoyens éclairés. Et savez-vous comment se « démassifie » un peuple ? Eh bien c’est simple, chaque citoyen se prend par la main et s’instruit en prenant notamment quelque distance avec les médias de masses !

Depuis la Renaissance, l’homme a été placé au centre des réflexions philosophiques. Un mouvement épistémologique ascendant et culminant au 18ème siècle avec les « Lumières ». Le siècle suivant a vu émerger des options épistémologiques inédites comme le positivisme ainsi que les sciences de la société et de l’Histoire. Il fut question d’inventer les sociétés heureuses, voire radieuses pour le bien de chacun et de tous. Mais l’évolution fut tragique et contrastée. Les penchants oligarchiques et ploutocratiques ont parasité les démocraties occidentales alors que les nationalismes et totalitarismes ont placé les masses dans le dispositif policier. Le tout se déroulant avec la participation du système de production de masse et du complexe militaro-industriel.

Depuis plus d’un siècle, les intellectuels et les piliers de bistrot citoyen cherchent la martingale d’un monde meilleur. En ce début de 21ème siècle, plus personne ne croit au marxisme, ni même dans l’action politique. Quelques vieilles recettes sont agitées mais elles sont dépassées et non opérantes dans le contexte du monde global, hyper moderne et surmédiatisé. La piste proposée par Marx avait le mérite d’être appuyée par une théorie ontologique puissante, irréfutable et capable de séduire l’entendement. Cette théorie, ce fut le matérialisme, dialectique pour les uns, historique pour les autres ; les deux options se complétant pour concevoir une lutte des classes visant l’émancipation des travailleurs comme préalable à un monde meilleur et plus juste. C’était bien ficelé par Marx sauf que le volet ontologique matérialiste est foncièrement faux. Et que la complexité du système économique et sociale nécessite un Etat et des organisations hiérarchisées avec des dirigeants au sommet.

Le temps des luttes politiques est révolu parce que le politique a décidé à son insu d’être révolu. Plus de « luttes », sauf pour le système productif concurrentiel et les Etats qui organisent une confrontation économique, pour ne pas dire une guerre de la concurrence à l’échelle globale. Le 21ème siècle, qu’il soit spirituel ou pas, sera marqué par l’avènement de l’information et la maîtrise des matérialités et des humanités par ceux qui possèdent la science du calcul et de la gestion des informations. On peut y ajouter la conscience des informations et l’impact des messages sur l’émotionnel dans une visée de domination. Un nouveau dispositif ontologique se dessine actuellement. Celui de l’asymétrie informationnelle et des algorithmes à l’origine de la vie et de son évolution. Vivre une existence humaine, c’est connaître et se projeter ! Et pour l’homme, vivre librement, c’est augmenter sa conscience et sa capacité à penser et concevoir son existence.

Il est temps de comprendre que le marxisme et le capitalisme ne sont que les deux faces d’une même pièce, celle qui place l’homme dans le système productif et conçoit la totalité de son existence en étroite interdépendance avec le produire et le technique (et dans interdépendance il y a dépendance). Il y a bien longtemps que la division de classe est inopérante. Une nouvelle division s’est constituée peu à peu, entre ceux qui ont accès à l’information, aux réseaux professionnels, aux centres de décision, à la gestion des communications et ceux qui sont peu ou prou en situation de déficit informationnel. L’accès à l’information permet de saisir les opportunités et de gagner sur le marché concurrentiel. Mais aussi de bien gérer les risques face auxquels nous sommes devenus inégaux (U. Beck).

La bonne gestion de l’information ne se réduit pas à obtenir quelques avantages pour naviguer dans le système en concurrençant son prochain ; elle permet aussi de bien diriger son existence. Et ce dans tous les secteurs de la vie. Connaître la voie, apprendre de la nature, de soi, des autres, de l’Histoire. Et surtout, apprendre à se diriger soi-même et ne pas se laisser manipuler par les peurs, affects et autres séductions consuméristes voire politiciennes. Ne plus se soumettre sans examen critique aux injonctions médiatiques, publicitaires et politiques propagées par les médias de masse. Apprendre à discerner les idées convenues des intellocrates et le discours des sages. Le temps des hackers technologiques et épistémologiques est arrivé. Savoir décoder les discours, les slogans et les injonctions de toutes natures, surtout celles provenant des intérêts industriels puissants comme ceux de la culture et mieux encore, ceux du système de santé, pour se prémunir contre les excès de soins par exemple.

« Instruisez-vous » est un horizon inscrit dans une double configuration de l’existence, le pouvoir et l’information.

I. Aristote concevait l’esclave comme un individu dont la raison n’est que passive. Ce qui lui permet de comprendre les ordres mais ne lui permet pas d’assumer son existence et ses choix décisifs. Au 21ème siècle, ce propos a encore sa pertinence. Observez autour de vous et constatez qu’en beaucoup de situation, vous vous en remettez à d’autres instances pour gérer vos décisions. C’est assez évident dans le domaine de la politique et surtout de la santé. Privé d’information et du système gérant les informations, vous êtes en état d’infériorité face à ceux qui disposent de l’information et savent la gérer, notamment vous manipulant pour asseoir leurs intérêts.

II. Revenons aux analyses de Brzezinski sur l’âge technétronique et le rôle des Etats-Unis. Avec comme ressort l’idée de sociétés instables et indociles qu’il faut gérer pour les amener vers un ordre social profitable à la majorité, avec en tête de pont les Etats-Unis, pionniers de l’invention socioculturelle au 20ème siècle, promoteurs des normes du bien vivre et garants au niveau international des entorses au vivre libre, surtout du côté des pays ayant quelques penchants pour le communisme. Le présupposé de Brzezinski étant que les élites sont plus instruites que les masses et savent ce qui est bon pour l’avenir du monde, surtout les élites américaines. C’était en 1970, quelques années avant le rapport de la trilatérale sur la bonne gouvernance. Les citoyens éclairés savent maintenant que cette bonne gouvernance a échoué et que les pays avancés vont vers des dérives policières et oligarchiques, surtout le pays qui se veut le plus avancé, les Etats-Unis. « Instruisez-vous » n’est au fond qu’un rêve à la MLK, un rêve d’un monde avec des citoyens instruits et capables de contrer les manœuvres des Etats au service d’intérêts oligarchiques et de domination sociopolitique des masses ; service assuré avec l’appui des médias de masse.

III. « Instruisez-vous », c’est un peu une sorte de conseil adressé aux citoyens qui veulent un monde meilleur, sans idées préconçues sur les fins de chacun et les moyens à mettre en place, excepté un principe, celui de s’informer et d’organiser l’information. En toute modestie, mon objectif serait d’être le Brzezinski des citoyens mais en ai-je les moyens et puis…

(C’est un rêve qui ne se réalisera peut-être pas car je ne crois pas en l’homme et d’ailleurs, vous êtes bien incapables de vous bouger pour essayer de faire vivre ce rêve et diffuser ce message. Les éditeurs ont raison au fond. Le peuple veut de la merde, qu’on lui donne de la merde à lire ! Ce n’est qu’une parenthèse car même si elle ne sera pas planétaire, la révolution est en marche. La révolution est l’essence de l’homme. Ceux qui la renient sont des bêtes)

 

Bernard Dugné

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  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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