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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 17:30

A moins de vivre sur une ile déserte, de n’écouter ou de regarder que des chaines à même de vendre du temps de cerveau disponible, impossible d’avoir échappé aux informations concernant Edward Snowden, l’homme qui a rendu public le vaste programme de surveillance mondiale que la national security agency (NSA) américaine a mis en place. Ces informations sont en elles-mêmes importantes, mais la réaction des pays concernés l’est probablement encore plus. Elles en disent en effet long sur le fonctionnement de nos états dits démocratiques, sur les dérives sécuritaires qui les polluent, et sur le courage de nos dirigeants.

Des écoutes à large spectre

Il y a un mois environ, « the Guardian » (1) et « the Washington post » (2) rendaient publiques des informations classées secrètes, fournies par Edward Snowden, sur les moyens que la NSA a déployés au niveau mondial sur la captation des appels téléphoniques et sur la lecture des messages électroniques. Ces révélations portent plus précisément sur les utilisateurs de l'opérateur téléphonique Verizon, mais aussi sur ceux d'AOL, Apple, Facebook, Google, YouTube, Microsoft, Skype, Paltank et Yahoo ! Néanmoins, le tout n’est pas de collecter les données mais de pouvoir les analyser. C’est là qu’intervient « prism », nom d’un système informatique permettant de traiter ces informations. Le fonctionnement de ce système n’est pas connu, mais selon « Le Monde » (3) : « les premières informations suffisent pour définir Prism comme un moteur de recherche très performant, permettant à la NSA d'interroger des masses de données très importantes issues de ces services, et ce, quasiment en temps réel, afin de rechercher un nom, un lieu, une date, etc., dans les mails, messages instantanés, communications vidéos ou autres documents. Selon le Washington Post, ce sont plus de 117 000 "cibles" qui étaient visées par le programme dans la journée du 5 avril ».

 

L’union européenne visée, mais de façon sélective

Plus récemment, le magazine allemand Der Spiegel a publié de nouvelles informations fournies par Edward Snowden. Elles ont révélé que les écoutes opérées par la NSA américaine allaient bien au-delà des simples interceptions téléphoniques (4). Selon ce journal, un document top-secret de septembre 2010 décrit comment la NSA s’est attaquée à la représentation diplomatique de l’UE à Washington. « Non seulement des micros ont été installés dans le bâtiment dans la capitale américaine, mais le réseau informatique interne a aussi été infiltré. De cette façon, les Américains non seulement obtenait un accès aux réunions dans les locaux de l'Union européenne, mais aussi aux e-mails et documents internes affichés sur les ordinateurs ». On apprend ensuite que c’est le siège même de l’union européenne à Bruxelles qui a fait l’objet d’écoutes

Au sein de l’union, la NSA distingue différents pays. Le Royaume-Uni, et hors union européenne, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande sont des pays amis, et non pas des pays-cibles. Dans l’union, l’Allemagne et la France sont considérées comme des « partenaires de troisième classe » et font donc l’objet d’écoutes. Ainsi, selon Der Spiegel et Le Monde (op. cit.) « chaque mois les services secrets américains espionnent les données d'un demi-milliard de communications en provenance d'Allemagne. Même les communications du gouvernement allemand seraient concernées ».

Suite aux premières révélation, Edward Snowden est inculpé depuis le 22 juin 2013 par les Etats Unis de vol de matériel appartenant au gouvernement, de communication non autorisée d'information relative à la défense nationale, et de communication volontaire d'informations classifiées à une personne non autorisée. Selon « le nouvel observateur » (5), ces accusations « sont basées sur l'Espionnage Act de 1917. Les peines prévues sont de 10 ans de prison, soit 30 ans s'il était reconnu coupable des trois chefs d'inculpation ». Cependant, pour pouvoir le juger, encore faudrait-il que les Etats Unis obtiennent son extradition.

 

Des réactions fortes aux USA

Information souvent passée sous silence en Europe, les réactions aux déclarations d’Edward Snowden aux USA, sont souvent fortes chez les élus et dans la presse. Ainsi chez les républicains comme chez les démocrates, Snowden est considéré assez généralement comme un traitre. La sénatrice démocrate Dianne Feinstein le décrit non pas comme un lanceur d’alerte mais comme quelqu’un ayant commis un acte de trahison, joignant d’ailleurs sa voix au sénateur républicain Lindsay Graham pour « se féliciter que la NSA écoute nos conversations ». Certains journalistes ne sont pas en reste : pour Jeffrey Toobin, du New Yorker, Edward Snowden n’est pas un héros mais plutôt un « immense narcissique qui ne mérite que la prison ». Certains vont même plus loin, comme l’analyste politique Ralph Peters qui accuse Snowden aussi de trahison pour attirer l’attention sur lui et qui en conséquence demande le rétablissement de la peine de mort dans des cas comme ceux de for Snowden ou de WikiLeaks. A l’inverse, le très conservateur animateur de télévision Glenn Beck et le réalisateur Michael Moore, pourtant très opposés politiquement, ont tous deux décrit Edward Snowden comme un héros

 

Une attitude finalement assez molle en Europe

Devant l’ampleur de ces écoutes, comment ne pas être frappé par les réactions somme toute molles des autorités des pays concernées ? Ainsi, Richard Freedman, porte parole du parlement Européen indiquait à la presse « nous venons de demander des informations complémentaires aux autorités américaines », ajoutant sa crainte de voir cette affaire exercer un impact sérieux sur les relations transatlantiques. La ministre de la justice allemande, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, déclarait qu’il est « inconcevable que les Etats Unis voient les européens comme des ennemis », rapprochant néanmoins cette attitude des pratiques oubliées de l’époque de la guerre froide. En France, François Hollande déclarait « Il y aura une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères et l'ambassadeur [US] pour faire valoir et faire savoir que nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés […]. Nous ne voulons pas préjuger, mais enfin les éléments sont déjà suffisamment réunis pour que nous demandions toutes les explications" tout en concluant « Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement  ».

En revanche à ce jour, aucune convocation d’ambassadeur, et aucun accord sur un ajournement des discussions sur les accords de libres échanges transatlantiques. Au contraire, les européen viennent même d’exprimer leur souhait d’une ouverture rapide de ces négociations. C’est donc de fait toujours le « business as usual » qui semble être de rigueur.

 

Finalement, de quoi Snowden est-il le nom ?

Au vu de ce qui précède, on constate donc un décalage énorme entre les faits, un espionnage massif et permanent de pays européens « amis » par les Etats-Unis, et les réactions de ces pays européens. La question est donc pourquoi ? Plusieurs réponses peuvent être apportées. Toutes ne sont pas forcément déterminantes isolément, mais toutes conduisent à briser les illusions des plus naïfs des européens.

Illusion n°1 : les Etats Unis sont un pays amis. Si nous ne sommes pas en guerre ouverte avec les Etas Unis, il existe bien un conflit d’intérêt marqué que François Mitterrand avait bien décrypté lorsqu’il disait : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C'est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort » (6). Si l’on pense qu’il ne s’agit là que des délires d’un vieux Monsieur rongé par la maladie, il faut relire ce qu’a publié le « Project for the New American Century » (projet pour le nouveau siècle américain) « think tank » néoconservateur américain. Ce groupe de réflexion a œuvré dans les années 2000 pour trouver des moyens de prolonger au XXIe siècle la domination américaine sur le monde, dans tous les domaines, qu’ils soient économiques, militaires, voire culturels. Sans rentrer dans une analyse rapide et simpliste, il semble que cette tendance hégémonique soit à associer au poids de l’idéologie WASP (acronyme de blanc, anglo-saxon et protestant en anglais) selon laquelle « Dieu a créé les anglo-saxons et l'Amérique pour dominer le monde, la bible dans une main et le fusil dans l'autre. Dieu étant la justification du pouvoir, nulles lois humaines ne peuvent s'opposer à Lui  » (7). 

Illusion n°2 : Barack Obama mène une politique progressiste. Certes, jusqu’à présent, Barack Obama avait réussi à donner une image nouvelle et attachante des Etats Unis, surtout en comparaison de ce qu’avait été le mandat de Georges W. Bush. Alors que ce dernier avait porté la guerre en Irak et en Afghanistan, Barack Obama a organisé le retrait passé à et venir de ses troupes de ces deux pays, laissant cependant derrière lui des champs de ruines. Cependant Guantanamo existe toujours malgré les promesses, les dispositions les plus contraignantes du Patriot Act perdurent, et des drones US sont régulièrement utilisé pour des attaques ciblées de « terroristes », en contradiction totale avec ce qu’un Etat démocratique devrait faire. Par ailleurs, comment Le Président Obama peut-il maintenant dénoncer la surveillance étroite (et réelle) dont font l’objet les Iraniens, les Coréens, ou les Chinois de la part de leurs propres service secrets, alors que l’administration américaine procède finalement de la même façon, de façon systématique, sans contrôle judiciaire, envers ses propres nationaux et envers ceux de pays « dits amis ».

Illusion n°3 : L’Europe nous permet d’exister face aux USA. On rirait presque jaune de constater la faiblesse réelle de cet argument, qui nous a été présenté maintes fois au moment de la ratification des traités européens. Ainsi, en 2007,lors du la signature du traité de Lisbonne, le président du Conseil Européen de l’époque, José Socrates, affirmait que ce traité « permet à l'U.E d'être plus forte, pour répondre aux désirs ardents des citoyens européens, pour promouvoir l'économie européenne et pour défendre les valeurs européennes ». Avis partagé par Joseph Daul, alors président du parti populaire européen (droite) (8). Même argument, donc, repris cette année lors de la signature du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’UE, par le député belge Bernard Clerfayt : « c’est le compromis qui permet aux 27 pays d’Europe d’aller de l’avant, de progresser, de construire un euro plus fort, une Europe plus forte, une Europe qui se coordonne sur le plan budgétaire et économique ; qui permet toujours à chacun des États-nations qui constituent cette Europe, à l’intérieur de ses budgets, d’avoir un débat sur ses priorités politiques en matière de sécurité, de règles fiscales, de solidarité et autres ».

Cet aveuglement est d’autant moins compréhensible que dès la fin des années 1990, l’Europe avait été informée de l’existence d’un réseau états-unien d’écoutes internationales, le réseau Echelon. Celui-ci impliquait d’ores et déjà des centres d’interception de communication au Royaume-Uni, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il avait entre autre servi à de l’intelligence économique dirigée contre des sociétés françaises ou européennes tel qu’Airbus, Enercon, ou Thomson/Thalès. Selon les journalistes Duncan Campbell et Nicky Hager, ce réseau présenté comme réseau de surveillance militaire a surtout fonctionné comme réseau d’espionnage économique et fonctionnait sur la base de la reconnaissance de mots clefs (9). Nick Hager a été auditionné par les autorités européennes, qui ont timidement recommandé à leur ressortissant de crypter leur communication personnelles. Quant à une réaction forte vis-du Royaume Uni ou des Etats Unis, il n’y en eu pas, le Foreign Office ayant certifié « qu’il n’existe aucune incompatibilité entre la position du Royaume-Uni dans l’Union européenne et son devoir de garantir la sécurité nationale » et M. Martin Bangemann, alors commissaire chargé commerce attendant «  des preuves de l’existence du système » avant de prendre toute décision « risquant de nuire aux bonnes relations commerciales avec les Etats-Unis » (9).

Aujourd’hui, en dépit de l’importance des révélations concernant Prism et les écoutes de la NSA, on ne peut être qu’étonné du silence assourdissant de José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, qui affirme toujours croire en la relation transatlantique. Pour Thomas Snégaroff, de l’IRIS, cela s’explique par le fait que M. Barroso « porte à bout de bras un accord de libre-échange avec les Etats-Unis et que ceci doit être son dernier grand acte politique à la tête de la Commission européenne ». Il craint donc par des prises de positions trop marqués de fâcher les américains et de voir « tout son édifice s’effondrer ». Quant à reporter les négociations, c’est oublié, la commission étant soutenue par la chancelière allemande qui faisait déclarer à son porte parole « La Commission veut démarrer les négociations le 8 juillet. Et en cela, le gouvernement [note : allemand] la soutient. Nous voulons cet accord de libre échange et nous voulons aussi démarrer maintenant les négociations ».

 

Illusion N°4 : la France, patrie des droits de l’Homme, sait être courageuse. Il s’agit là peut être de la plus cruelle des désillusions. La France, toujours si prompte à émettre des commentaires sur le peu de démocratie dont font preuve certains pays, s’est couverte de ridicule dans cette affaire. Tout d’abord, le gouvernement français, à l’instar de celui d’autres nations européennes a rendu public son refus d’accorder l’asile à Edward Snowden après avoir affirmé ne pas avoir reçu de demande de l‘intéressé. Les motivations officielles sont ambigües, le communiqué du ministère de l’intérieur restant très laconique : « La France a reçu, comme beaucoup d'autres pays, par l'intermédiaire de son ambassade à Moscou, une demande d'asile de M. Edward Snowden. Compte tenu des éléments d'analyse juridique et de la situation de l'intéressé, il n'y sera pas donné suite ». La réalité est bien sur tout autre, la France, qu’elle soit Hollandiste ou à plus forte raison Sarkozyste ne veut pas de fâcher avec un pays aussi puisant que les USA. Sans doute Le président Mitterand et le Général se retourneront ils dans leur tombe ! Le premier avait en effet courageusement interdit le survol de la France par des bombardiers américains, le second avait toujours refusé de placer son pays sous le contrôle américain, par exemple au sein de l’OTAN sans que nous ayons eu a subir de représailles. Dans le cas qui nous intéresse, peut être faut il rappeler la phrase de Churchill qui disait à Chamberlain au sujet des accords de Munich : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ».

Ce déshonneur évoqué plus haut s’est trouvé porté à son paroxysme récemment lorsque l’avion de M. Evo Morales, qui revenait d'un sommet des pays exportateurs de gaz organisé à Moscou, a été interdit de survol du territoire français, espagnol et portuguais. Les autorités de ces deux pays européens soupçonnaient la présence d’Edward Snowden à bord de l'appareil présidentiel. L’avion ayant déjà volé trois heures, a du retourner se poser à Vienne, ou il fait l’objet dune inspection visuelle. L'interdiction de survol faisait suite - selon le ministre bolivien des Affaires étrangères - à une rumeur qui suggérait qu’Edward Snowden se trouvait à bord de l'appareil. Le président bolivien a été contrant de quitter son avion pendant plus de 13 heures pour aller s’installer dans les salons de l’aéroport puis dormir dans un hôtel viennois. Cette décision outre, qu’elle est contraire aux usages internationaux les plus universels, est un véritable camouflet au président bolivien (10). Imaginons d’ailleurs ce qui se serait passé si l’avion présidentiel avait été Air Force one… Dans ce dossier, la France s’est donc non seulement fâchée avec les autorités de Bolivie et nombre de celles de ses voisins sud-américains, elle s’est aussi fâchée avec leurs peuples, donc certains n’ont pas hésité à brûler des drapeaux français et à caillasser nos ambassades voire à tenter d’y mettre le feu. Et plus grave, elle s’est finalement couverte de ridicule et de honte au niveau mondial.

 

Illusion n°5 : les états « démocratiques » protègent leurs citoyens.

Il est possible que cet avis soit erroné, mais il est reste envisageable que les soucis que rencontre Edward Snowden soit liés en réalité au fait que ses révélations ont mis en lumière un des plus gros mensonges de nos démocraties actuelles, à savoir le fait que nos lois et nos institutions publiques, au sens large, nous protègent. Eh bien non ! Sans nier que nous vivons toujours en démocratie, il faut nous faire à l’idée que nos gouvernant nous surveillent très étroitement, bien sûr pour nous protéger du terrorisme ou des malfaiteurs de grands chemins, mais aussi très probablement parce que nos dirigeants ont peur de leur administrés, et pas seulement des pauvres et des exclus (11).

Récemment, les Etats Unis ont jugé que rentrer dans ce pays avec un ordinateur portable crypté était constitutif d’une intention criminelle. Or les PC portables de nombreuses entreprises privées et de certaines administrations françaises (et européennes) sont cryptés pour éviter le vol de données en cas de vol du portable. Cette disposition n’a entraîné aucune protestation audible de l’UE, et de façon encore plus surprenante, aucune mesure de rétorsion équivalente n’a été prise à l’encontre des voyageurs américains entrant dans l’union avec un ordinateur crypté. 

Dans la même veine, l’Europe avait aussi cédé en 2010 aux Etats Unis en autorisant le transfert des données bancaires de ses citoyens vers les Etats-Unis. Cet accord garantissait l'accès à plus d’une trentaine de données concernant les passagers aériens aux agences de sécurité américaines. Ce transfert était exigé des compagnies aériennes au moment de l'achat des billets (12). Dès mars 2003, les autorités américaines avaient d’ailleurs émis un véritable ultimatum imposant aux compagnies aériennes de communiquer aux services de douane et de sécurité américains toutes les données personnelles enregistrées dans le fichier « passenger name record » (ou PNR) pour les voyageurs allant ou transitant par les Etats-Unis. La menace alors émise était l’interdiction pure et simple d’atterrir sur le sol américain. Là encore, aucune réaction majeure de l’UE, bien que la communication de ces données soit attentatoire au droit à la vie privée tel qu’il est défini par l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, ainsi que les articles 7 et 8 de la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne.

Edward Snowden est donc bien un briseur des illusions de nos démocraties et gouvernants actuels. La conclusion de Pierre Desproges dans le tribunal des flagrants délires peut ici être rappelée, en dépit du sérieux du sujet, car elle est somme toute explicative : « donc l'accusé est coupable »...

 

 

Auteur: Rony

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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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