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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 18:21

 

Témoignage 21/10/2012 à 10h19
Moi, fumeur et acheteur de cannabis, pas intéressé par la dépénalisation
 

Des gens fument un joint pendant l’« Appel du 18 Joint », en 2011 (FRED DUFOUR/AFP)

Comme 1,2 million d’autres compatriotes, je suis un fumeur de cannabis. J’y suis même dépendant, malgré les conséquences néfastes que ça a sur moi (par ordre d’importance : perte d’ambition, perte de tonus, faible paranoïa et conscient des risques à venir, loterie du cancer du poumon, etc.).

Making of

En se prononcant le 14 octobre en faveur d’un débat sur la dépénalisation, le ministre de l’Education Vincent Peillon a essuyé les critiques de l’opposition. Matignon a affirmé qu’il n’y aura « pas de dépénalisation ».

A la manière d’un pastiche, Rémi, 32 ans, réagit à un témoignage publié mardi sur Rue89, « Moi, fumeur et acheteur de cannabis, bien placé pour vous en parler ».

Il explique ne pas être intéressé par la question de la dépénalisation/légalisation « l’usage de toutes les drogues étant déjà officieusement dépénalisé ».

« J’espère que cet article pourra aider, ne serait-ce qu’un seul adolescent, à trouver la force de dépasser l’humiliation de passer pour un froussard, lorsqu’il refuse son premier joint. »

E. Brouze

Je ne suis pas devenu héroïnomane. A vrai dire, je n’en ai jamais eu l’occasion – en même temps quand je vois une aiguille, je fais un malaise mais je pense que si on m’avait proposé d’en fumer, je ne peux pas affirmer que je n’aurais pas tiré une petite bouffée.

Je ne suis pas vraiment devenu fou – je n’aime pas trop ce mot (on est tous le fou d’un autre).

J’ai essayé une fois de vendre du cannabis mais je n’ai pas du tout la fibre commerciale, donc j’ai juste réussi à rembourser mon investissement. J’ai pu par contre fumer à l’œil pendant une quinzaine de jour.

J’ai fait des études supérieures et cela fait quinze ans que je fume quasi quotidiennement.

J’ai très envie d’arrêter, l’argent n’est clairement pas mon principal moteur : j’ai un toit, je mange a ma faim... Un pétard, une bonne connexion Internet et je peux passer des heures à contempler le monde passivement depuis mon confortable cocon.

Parce que je connais les effets du cannabis sur moi, que je les vois sur une partie de mon entourage, que j’ai dû croiser et causer un peu avec des centaines de dealers, parce que j’ai visité de nombreuses cités où jamais je ne serais allé autrement et où l’on ne m’a jamais fait de mal.

Cités dans lesquelles je n’habite pas et dans lesquelles pour rien au monde je n’emménagerais. J’ai honte quand je croise les habitants non liés au trafic dans ces cités, parce que je sais que ces « aimables » petits dealers qui ne m’ont jamais fait de mal terrorisent ces mêmes habitants – en tout cas ceux qui n’en profitent pas et qui osent manifester leur mécontentement quant au fait que ces aspirants rois de la came les dérangent.

J’ai honte...

J’ai honte parce que je sais qu’un certain pourcentage de l’argent que je leur donne nourrit des actions immondes : intimidations, corruption, guerres de gangs sanglantes et meurtrières.

J’ai honte parce que les jeunes qui me vendent ma drogue ont dix ans de moins que moi, qu’ils sont pour la plupart loin d’être stupides, qu’ils pourraient employer leurs capacités intellectuelles et leur indéniable énergie à s’instruire et à trouver une occupation légale plus rémunératrice, aux risques bien plus mesurés. Certes la vie en entreprise est difficile, mais le chemin pour devenir le trafiquant Pablo Escobar est mille fois plus dur.

J’ai honte parce que mes visites régulières les encouragent dans la mauvaise voie. Mais voila, j’ai besoin de ma dose quotidienne de THC, celle-là même qui me permet d’oublier toutes les conséquences néfastes de mes actes d’habitant privilégié de cette planète.

Il y a des gens qui ne supportent pas le cannabis – je les envie. Il y en a d’autres que ça rend bêtes et amorphes, et ceux-là finissent par s’en apercevoir et tentent de réduire ou d’arrêter. La dépendance psychologique peut s’avérer très forte pour le cannabis et c’est là le problème (la dépense physique est faible (rapport Roques, 1998)).

 : la dépendance physique peut s’avérer très forte.

Bien sûr ce n’est pas la seule : l’alcool, les médicaments, la nourriture, le sport, le travail, le pouvoir, la liste est infinie !

En tant qu’accro au cannabis, je m’évertue à passer un message : mieux vaut s’en tenir éloigné, comme de la cigarette, de l’alcool et tous autres produits superflus.

A qui profite le crime ?

Comme René C., auteur de l’article auquel je réagis, j’ai une fâcheuse tendance a attribuer aux personnes au pouvoir, au pire de mauvaises intentions, au mieux de l’ignorance.

René C. écrit que les politiques :

« continuent d’appliquer une méthode qui a échoué sans oser même commencer à se demander si on ne pourrait pas faire mieux » ;

« empêchent la diffusion d’informations sensées et valables dans le cadre d’une politique de réduction des risques crédible pour les usagers, entravent la recherche sur les substances qui ont été interdites. »

Personnellement j’entends beaucoup parler de cannabis, il ne me semble pas que le débat soit censuré, la diffusion de son article en est la preuve. Quant aux études scientifiques, elles sont extrêmement coûteuses. Il y en a déjà eu de nombreuses sur ce produit – peut-être ne vont-elles pas assez dans le sens de ce qu’il pense.

Je ne crois pas qu’étudier le petit « plaisir » de 1,8% de la population soit une priorité sanitaire en ces temps de vache maigre au niveau budgétaire.

Le cannabis ni de gauche, ni de droite

« Le gouvernement actuel n’est pas si bête que ça. Le refus de discuter sur le sujet est là pour ne pas choquer un certain nombre d’électeurs ignorants et s’éviter les hurlements et la rhétorique scandalisée de la droite. Ici, il ne s’agit plus d’idéologie mais de calcul électoral. »

Les personnes choquées par le fait que l’on puisse songer a dépénaliser sont peut-être des familles qui ont vu leur enfant s’enfermer dans le cannabis. Vous critiquez le calcul électoral, mais jusqu’à preuve du contraire pour diriger il faut être élu. Enfin le cannabis n’est ni de droite ni de gauche. A la limite, il est vert, mais même dans ce camp il ne fait pas l’unanimité.

Je finirai par une citation de Baudelaire à propos du haschich que je trouve extrêmement pertinente :

« Ce que le haschich te donne d’un côté, il te le retire de l’autre... Il te donne le pouvoir de l’imagination mais t’enlève la possibilité d’en profiter. »

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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  • L'archipélien
  • Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” Einstein.
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