13 septembre 2009
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Yvain Jouveau du Breuil
L'archipel des Saintes, situées à moins de cinq milles au sud de la Basse Terre, comprend deux îles principales. Terre de Bas située sous le vent, et Terre de Haut située au vent, forment un port naturel à proximité de la ville de Basse Terre, qui justifie l'importance stratégique de ces îles (1). Les Saintois avant 1671 Douze ans après l'arrivée des Français à la Guadeloupe, HOUëL envoya, pour des raisons stratégiques, les premiers colons sur l'archipel des Saintes; ils en prirent posses- sion le 18 octobre 1648 (2). A la suite d'une grande sécheresse, cette première tentative fut un échec (3). Une seconde implantation fut tentée au commencement de l'année 1652, sous le commandement de LEMOYNE avec un "bon nombre d'habitants". Depuis cette époque les îles des Saintes furent toujours occupées (4). En 1671 et semble-t-il depuis 1652, la population vit entièrement sur Terre de Haut. Les raisons en sont triples : la présence du port naturel, la présence de la seule source de l'archipel et la ferti- lité du sol. Mais dès 1666, après l'attaque anglaise, le gouverneur DU LION laissa un contingent d'hommes au fort de Terre de Bas, car cette île était plus difficile d'accès donc plus facile à défendre, et il fit raser le fort de Terre de Haut. L'économie, une fois de plus aura raison de la stratégie, car 5 ans plus tard, Terre de Bas est de nouveau délaissée, malgré la bonne volonté du sieur DESMEURIERS qui y avait fait planter quelques cannes (5). L'absence de documents antérieurs sur la population saintoise nous enlève l'espoir de connaître avec détail, les tous premiers colons des Saintes. Nous ne pouvons recueillir que des fragments de cette population à travers les autres sources de documents. L'habitant le plus ancien est, bien sûr, Isaac LEMOINE, commandant de l'expé- dition de 1652. Vient ensuite le couple Jean GALON et Marguerite Lemoine, dont l'aînée vit le jour aux Saintes avant 1662. Le Père Du Tertre nous cite le Sr Desmeuriers, commandant des Saintes en 1666. D'autres sont retrouvés dans les registres paroissiaux des quartiers de la Guade- loupe, c'est le cas pour Anne HIACINTHE née aux Saintes en 1665 (6) et Pierre MARTEL, habitant les Saintes en 1666 (7). Certains habitants figurant sur la liste de l'Espérance en 1664 (8) mais ne se retrouvant ni sur le recensement de la Guadeloupe de la même année (9), ni sur celui de Marie Galante de 1665 (10), habitaient peut-être déjà aux Saintes puisque nous les retrouverons aux Saintes en 1671. Il s'agit de: Nicolas de BRAY, Alexis CAREL et son épouse Madeleine VAUTIER, Pierre DUFLOS, Martin MARETTE, Jacques ROULLAND et Fremin (ou Romain) VARIN. Pierre BALOT, habitant des Saintes en 1671, a été engagé comme scieur de long le 16 décembre 1660 à Dieppe. Après ses trois ans de contrat, on peut supposer qu'il s'est installé peu après sur l'archipel (11). Le second enfant du couple François LEMIRE et Anne HEBERT, naquit aux Saintes avant 1671. François Marchand et son épouse Marie Vincent font baptiser leur fils François à La Capesterre en 1665 : habitaient-ils déjà l'archipel ? (12) Pour les autres habitants présents en 1671, sept ont été recensés en 1664 dans divers quartiers de la Guade- loupe comme nous le verrons dans le chapitre suivant. De cet inventaire nous pouvons conclure que durant les dix premières années, il s'agissait plus d'une présence permanente que d'une colonisation, qui ne débuta réel- lement qu'avec l'implantation du couple de Jean Galon et Marguerite Lemoine vers 1661/2. En 1664, si les hypothèses émises plus haut sont exactes, nous avons deux couples mariés, dont l'un sans enfant et l'autre avec deux filles, un veuf avec un garçon et 5 célibataires, soit 13 indi- vidus. Sept ans plus tard, ils seront 54. Le recensement de 1671 Le premier recensement de la Guadeloupe effectué le 1er août 1664 ne comprend pas les îles saintoises. Il faudra attendre 7 ans de plus pour avoir le premier état de la population en 1671, soit 19 ans après l'arrivée des premiers colons (5). A cette date, la population totale est de 54 habitants avec 43 blancs et 11 esclaves. Il n'y a pas un seul engagé ni un seul serviteur. La population blanche est composée de 23 hommes, 9 femmes et 11 enfants soit respectivement des proportions de 53,5%, 21% et 25,5%. Une population témoin prise dans les quartiers les plus proches, à savoir Vieux Fort et Trois Rivières, montre des proportions d'environ 40% pour les hommes, 18% pour les femmes et 35% pour les enfants. Les célibataires sont fortement représentés, 14 sur 23, soit 60% des hommes. Dans les autres quartiers cette proportion est deux à quatre fois moins importante : 30% aux Trois Rivières et 15% au Vieux Fort. Les couples sans enfants sont également fortement représentés : 4 sur 11 soit plus de 36% alors que cette proportion est de 6 sur 18 soit 32% au Vieux Fort et de 7 sur 26 soit 27% aux Trois Rivières. Cette forte prédominance des célibataires et des couples sans enfants confirme l'implantation récente de cette jeune population. La population de couleur est constituée de 2 hommes, 5 femmes, 3 enfants et un mulâtre. Ils représentent à peine 21% de la population globale contre 36% au Vieux Fort et 56% aux Trois Rivières, cette dernière paroisse ayant plus de grandes habitations que la paroisse du Vieux Fort. La quasi-totalité des esclaves de l'archipel, soit 7 d'entre- eux appartient à un seul habitant, le sieur Alexis CAREL. Origines des Saintois de 1671 Sur les 32 habitants recensés, le lieu de naissance nous est connu ou est supposé pour seulement sept d'entre eux : page suivante...